Vous n’avez pu passer à côté de cette nouvelle polémique autour des perturbateurs endocriniens. Ils sont devenus la bête noire des associations de consommateurs et le fardeau de l'industrie cosmétique et semblent être pointés du doigt par de nombreuses études scientifiques… Mais concrètement, de quoi s’agit-il ? Quels sont les dangers et comment s’en protéger ?
Voici un sujet encore tabou
pour les professionnels de la beauté et pourtant, en parler est précisément ce qui permettra de prévenir et de mettre en place les moyens nécessaires pour se prémunir de leurs effets néfastes sur la santé. Ce n’est que récemment que des études scientifiques ont démontré la présence de
perturbateurs endocriniens et leur toxicité
dans certains produits cosmétiques, utilisés notamment par
les instituts de beauté et les salons de coiffure.
Perturbateurs endocriniens, qu’est-ce que c’est ?
Ils s’appellent Triphényl phosphate, PPD ou encore para-aminophénol. Derrière ces noms barbares se cachent en réalité des molécules qui, une fois passées dans le corps par voie respiratoire ou contact cutané, agissent sur le système hormonal et perturbent le fonctionnement normal de l’organisme. Pire encore, on parle d’un « effet cocktail » lorsque plusieurs perturbateurs endocriniens sont mélangés dans un même produit. Or, comme chacun le sait, la période de la grossesse est précisément un moment de grand bouleversement hormonal. Si on ne peut prouver tout à fait les effets sur la santé des personnes en général, le danger pour les femmes enceintes et leur bébé semble donc bien réel. Le corps médical n’hésite plus à faire le lien entre la détection d’une malformation congénitale d’un nourrisson et la profession de la maman. Car, s’il n’y a pas de gros risques avec une utilisation occasionnelle, la répétition en revanche et un contact quotidien avec ces molécules peut provoquer fausses couches, malformations et problèmes de stérilité pour l’enfant. Un phénomène d’ailleurs mis en avant dans l’émission « Envoyé Spécial » du jeudi 19 avril 2018 sur France 2.
Esthéticiennes et coiffeuses concernées
Parmi la liste des produits contenant des perturbateurs endocriniens, on retrouve des crèmes cosmétiques, mais aussi le vernis à ongles et les colorations pour cheveux. Ainsi, deux professions sont directement concernées par les dangers de ces molécules, les esthéticiennes et les coiffeuses. Nous l’avons dit, le simple fait de respirer à proximité du produit suffit pour inhaler la molécule. Dans ces conditions, appliquer du vernis ou pratiquer des colorations tous les jours est particulièrement dangereux pour les femmes enceintes. Sans compter que certaines mauvaises habitudes, comme mélanger les produits de coloration ou les appliquer sans gants, permettent un contact direct avec la peau. Aux États-Unis, et plus particulièrement dans la région de San Francisco, une association s’est formée pour développer la prévention afin d’inciter les professionnelles à se protéger.
Quels moyens pour se protéger des perturbateurs endocriniens ?
En attendant que l’industrie cosmétique daigne modifier ses procédés de fabrication et retirer ces molécules de leurs produits, quelques bonnes pratiques peuvent être adoptées pour tous les employés. Tout d’abord, le port d’un masque pour appliquer le vernis et tout le temps de la manucure, ou encore pour mélanger les produits de coloration. Certes, ce n’est pas glamour pour la cliente, mais ce simple geste limitera l’intoxication par voie respiratoire. Autre mesure simple, rendre obligatoire le port de gants afin d’éviter tout contact avec la peau et plus particulièrement lors de l’application de la coloration pour cheveux. Enfin, et cette dernière consigne est aujourd’hui une obligation légale dans les salons de coiffure, il est indispensable de mettre en place un système d’aération pour renouveler l’air.
La France est en retard en matière de prise de conscience et de législation, mais les professionnels de la beauté ont tout intérêt à opérer ces changements par eux-mêmes pour se protéger des effets des perturbateurs endocriniens sur leur santé.
MarinetteS.